Radical ou modéré, allié ou ennemi pour la transition ?
- 27 mai 2025
- Adrien c
- 0

Dans une période où de nombreuses avancées écologiques semblent voler en éclats, on voit émerger une opposition entre 2 camps réformateurs qui envisagent des chemins différents afin d’accélérer la grande transition nécessaire afin de pouvoir intégrer cet “espace sûr et juste pour l’humanité” dont nous parle Kate Raworth [1].
D’un côté, les partisans d’une radicalité qui prônent des changements majeurs à une échelle courte de temps mettant en avant, à juste titre, l’urgence écologique dans laquelle nous sommes actuellement et qui nous oblige à opérer des virages urgents dans nos modes de vie et de consommation. A ce niveau, nous sommes en effet en retard si l’on regarde le dernier rapport du GIEC [2], nous ne sommes pas aujourd’hui réellement engagés sur une trajectoire nous permettant d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
De l’autre côté, les partisans d’une “modération” qui mettent en avant, également à juste titre, que les processus de changement, pour s’inscrire dans la durée, sont nécessaires sur des temps longs et que les ruptures ne conduisent pas à des changements de comportement, mais au mieux à de la contrainte qui est alors ressentie négativement par les populations.
Loin de moi l’idée de vouloir évaluer, juger, ou arbitrer de la bonne posture entre ces 2 positions.
D’autant plus qu’à titre personnel, je suis assez convaincu que les deux sont nécessaires et que nous aurons autant besoin de radicalité que de modération afin de pouvoir gravir la montagne qui s’offre à nous.
Il nous faut être en mesure de pouvoir allier l’un et l’autre afin de s’adapter aux situations et aux moments que nous vivons.
Il est urgent d’être radical pour lutter contre de nouveaux projets mortifères pour le vivant et qui ne vont pas dans le bon sens de l’histoire et mène le vivant à sa perte mais il est aussi urgent de faire preuve d’une forme de pragmatisme dans les actions qui peuvent être mise en œuvre afin d’embarquer de manière massive les populations à nos côtés.
Autrement dit, il nous faut allier une radicalité dans les objectifs et un pragmatisme dans le chemin.
Mais encore une fois, là n’est pas mon propos. Ce qui m’inquiète dans ces 2 postures, c’est de voir l’énergie qu’elles mettent parfois à se contredire.
Ne nous trompons-nous pas d’adversaires en critiquant l’auteur d’une action de désobéissance civile alors que nous sommes partisans de la modération ? A l’inverse, est-ce la bonne cible que de tirer à boulets rouges sur de grands évènements rassemblant des acteurs de différents horizons de la transition quand on est adepte de la radicalité ?
N’avons-nous pas d’autres personnes encore plus éloignées de nos idéaux et de nos croyances contre lesquels il est urgent de lutter afin de faire en sorte de ne pas voir émerger de nouvelles organisations de sociétés, de nouveaux rapports de force qui augmenteraient encore les oppressions sur les plus vulnérables et accentuerait de manière drastique les évènements liés au dérèglement climatique ?
On entend souvent parler de convergence de lutte pour appeler à un rapprochement des engagements sociaux et environnementaux et en effet cette convergence est nécessaire car traiter ces sujets de manière dissociée est une folie et tout le monde en est aujourd’hui convaincu.
N’y a-t-il pas urgence également à organiser une convergence entre les ailes modérées et radicales afin de ne pas tout perdre ?
En réalité, je pense que la réponse est là.
Nous serons d’autant plus impactants, forts, convaincants, inspirants, quand nous serons en mesure de nous allier pour cet enjeu qui nous dépasse toutes et tous.
Laissons donc nos égos de côté et apprenons à refaire collectif. Est-ce facile ?
Bien sûr que non.
Nous avons toutes et tous nos convictions, croyances et envies en lien avec la société que nous voulons voir advenir et qui pourrait prendre la forme de cet “espace sûr et juste”.
Mais si nous ne le faisons pas, nous serons collectivement responsables pour les générations futures de n’avoir pas essayé.
Alors cessons de perdre notre énergie à nous tirer dans les pattes entre nous et rassemblons toutes ces énergies afin de créer ce grand mouvement de bascule qui rendra, enfin, la transition irrésistible.
“Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible” [3]
[1] La Théorie du Donut, Kate Raworth
[2] 6ème rapport du Giec, Volet 1
[3] Antoine de St Exupéry
Rédacteur : Adrien Conty